Confrontée à l’irréductibilité du vivant, un vivant où il faut faire des concessions souvent inutiles, Sarah s’interroge sur la place de son libre arbitre. « Ai-je réellement la liberté de choisir, ou mes choix sont façonnés par toutes les valeurs qu’on m’a inculquées tout au long de ma vie ? » se demande-t-elle. Pour illustrer cet éternel dilemme, elle use de la métaphore de l’échiquier, qui, dans son travail, est le miroir du monde et des jeux qui s’y déroulent. La reine y est certes la pièce la plus puissante, mais cette puissance n’existe que pour la faveur du roi ou son péril. Sarah sacrifie cette reine pour laisser place à une autre, affranchie et libre. Libre du choix, du roi, et des règles du jeu. Mais beaucoup de choses se perdent dans le processus… La peau en est témoin. La peau, viscère puissant qui nous enveloppe dessinant le contour de nos formes, la peau que Paul Valéry qualifie de ce que nous avons de plus profond.
Extrait du texte « Reine affranchie » par Yiman Erraziki, Catalogue de l’exposition « Reine affranchie », 2021