En 2009, lors de la parution du premier numéro de Diptyk auquel j’ai eu l’honneur d’être associé un certain temps, un article dans les premières pages parlait d’un jeune lauréat de l’école des beaux-arts de Tétouan, qui développait une recherche intelligente sur la notion de travail. Illustré d’un dessin d’uniformes de travail, l’article suggérait sans détours qu’il fallait prêter beaucoup d’attentions aux démarches futures de cet artiste. Mustapha Akrim semblait être une promesse dans le renouvellement de la scène et son enrichissement aux côtés bien sûr d’autres artistes de la Génération 00.
Plus tard en 2011, alors que nous préparions la foire Marrakech Art Fair une de ses œuvres avait subjugué le public, « l’Article 13 », article de la précédente constitution marocaine, calligraphie réalisée en béton.
Dés lors, ses travaux et nombreuses résidences artistiques le conduisent à expérimenter de nouveaux supports et interroger sans cesse notre Mémoire Collective dans ce qui s’apparente à un vaste chantier. Lutter contre l’oubli, aborder plusieurs dimensions sociales sans complaisance, font partie de sa démarche artistique intime.
Au nom du père, il aborde la conscience du monde ouvrier qu’il sacralise à travers « le Musée des Ouvriers » en 2016 à Rabat lors de l’exposition « Volumes fugitifs » au Musée Mohammed VI, un espace imaginaire qu’il fige dans du béton.
Quel rapport existe t’il entre un Musée historique consacrée à des civilisations anciennes, et celui que Mustapha Akrim invente ? Le lien est la reconnaissance du travail, et de l’ingéniosité humaine à un moment de l’histoire. Mais qui écrit l’histoire au fond ? Loin des discours clivants et des certitudes, il suggère à travers son art qu’un autre regard et une autre relecture de l’histoire sont possibles.
Mustapha Akrim s’inscrit dans cette longue tradition en Art qui parle « du monde dutravail » et de ses rapports avec la société. Ses préoccupations sociales n’ont nul besoin de légitimité, elles prennent racine dans son quotidien et ses origines.
Nous adhérons aux recherches de Mustapha Akrim et nous sommes très heureux de participer le temps de l’événement à faire revivre le Bâtiment du « Comptoir des Mines » autour du monde ouvrier. Nous sommes fiers d’accueillir aujourd’hui ce projet et d’y avoir apporté un concours et nous souhaitons donner à voir au plus grand nombre la démarche de cet artiste aujourd’hui devenu incontournable dans notre scène.
Au moment de clôturer ce catalogue, nous avons une pensée spéciale pour Maurice Gozlan à qui nous souhaitons un prompt rétablissement.
Hicham Daoudi