Un parfum de liberté…

Mohammed Kacimi

30 Décembre 2017 — 10 Février 2018

CM Galerie

« Mon enfance insensée dans tous les sens. Mon père était contremaître dans une société agricole, mais j’ai plus vécu avec ma mère. 

Ma mère voulait que j’aie un métier. Je fus apprenti tisserand, forgeron, mécanicien, couturier. Pour ma mère il fallait des certitudes. Mes études furent entrecoupées. J’habitai dar Kbira, un quarter dépendant de Moulay Ismaël, entre les grosses murailles et les ruelles labyrinthiques. 

Par la suite, j’ai fait des stages. C’était l’âge d’or du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Il y avait des stages d’initiation à la musique, au théâtre, à la peinture organisés par la Ministère. J’ai beaucoup travaillé seul. Je me promenais à Meknès. J’y rencontrais des peintres de chevalet français en train de peindre les ruelles de la Médina. 

La ville était comme un mystère, j’étais saisi par la force des murailles, le climat architectural, les matériaux, les maisons enfouies, le pouvoir et les mystères, entre la ville et la campagne dans ma première enfance. 

Meknès c’était toute l’ambiance de la vie dans les rues, les jeux, les amourettes, la rencontre des bordels, les bagarres, l’alliance avec Moulay Ismaël, les bagarres permanentes avec les chérifs, dont je n’étais pas. 

C’était une époque où nous étions solidaires devant l’armée française, lorsque Mohamed V fut exilé, nous avions décidé d’avoir la boule à zéro, on se laissera les cheveux poussés quand il sera de retour. 

J’étais le compagnon de Mustapha, lorsqu’il distribuait des tracts pour boycotter des produits français. Un jour, nous fûmes arrêtés. J’ai passé 3 jours au poste, ma mère assise devant, cherchant à me faire passer une couverture. 

De ce temps, j’ai gardé gravé en ma mémoire les cérémonies des Haissaouas, les chants des moussems, les halkas, les trames, les arabesques. Ceci reste d’une importance capitale. 

De 1959 à 1965, j’ai travaillé dans une maison d’œuvre sociale, à Sidi Saïd comme éducateur. C’étaient des orphelins, en école. Je passais aussi un diplôme d’arabe classique, à Fès. Je lisais beaucoup. J’avais une conscience aigüe de la situation. Je faisais aussi du théâtre amateur. Mais cette école ne menait à rien. 

Un jour, j’ai ramassé mes bagages et je suis parti, à Paris, comme candidat libre à l’École des Beaux Arts. L’enseignement y était conventionnel. Vite, je me suis mis à la recherche de quelque chose qui m’échappait. 

Pour gagner ma vie, je travaillais partout, j’étais écrivain public pour les ouvriers immigrés, et je voyageais sans cesse : le Prado, Le Louvre, le Musée d’Art Moderne, la Belgique, l’Italie. C’était la fascination des grandes œuvres dans les Musées. Regarder en silence, avec intensité. Ce furent dans les lieux d’enseignement forts. Cette période a duré deux ans, je ne fus jamais privilégié, la seule bourse que j’ai eue me fut donnée par les Allemands en tant que peintre pour découvrir les musées allemands. 

De retour au Maroc, c’était l’époque du grand débat sur la Culture Nationale, l’Identité. C’était aussi une période d’apprentissage ; toute une génération d’écrivains, de peintres, d’intellectuels, émergeait. Attaqafa al fikriya avec Bennis, Souffles avec Laabi. Je fus journaliste, maquettiste, affichistes pendant deux ans. Entre les affiches marocaines, des couvertures et des dessins pour les revues, c’était aussi une école buissonnière, des stages où je découvrais la rigidité des peintres qui avaient fait des écoles, ou d’autres comme l’atelier de Jacqueline Brodsky et les stages de Jeunesse et Sports. Ce fut aussi les voyages du Sud, la découverte des gravures rupestres, des signes et des mémoires marocains et la prise de conscience de la rupture ; rien n’est fait tout est à inventer, la seule issue possible, la cassure. Et la joie à travers des déplacements, des voyages autant de lieu d’émotion, de vibration sur lesquels j’ai basé mon travail. 

Le voyage intérieur rejoint les voyages extérieurs, les convergences de la culture berbéro-arabe entre les signes, et les contes, alors ces convergences s’éveillent et leurs contractions libèrent le geste de peindre. »

Extrait d’un document rédigé par Mohammed Kacimi retrouvé dans ses archives.

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