« J’ai mes racines-territoires mais je n’ai pas de frontières. »

Abdallah El Hariri

Le Comptoir des Mines Galerie a l’immense honneur de présenter Abdallah El Hariri à partir de samedi 11 mai 2024 dans une exposition personnelle associant des recherches inédites aux périodes emblématiques de l’artiste. Étudiant à l’École des Beaux-Arts de Casablanca de 1966 à 1969 auprès d’illustres figures de la peinture moderne telles que Mohamed Melehi, Mohamed Chabâa, Jacques Azéma et Naima El Khatib-Boujibar, il acquiert une vision telle qu’il devient une figure majeure de l’art marocain, exposant aux quatre coins du monde. Sa vision de l’œuvre picturale est une quête d’un état pur où la tâche et la ligne délimitent les tracés des fondamentaux de la peinture, dans une œuvre en perpétuel mouvement.

Introduction

Par Hicham Daoudi

Le Comptoir des Mines galerie clôt sa saison 2023-2024 avec une grande exposition rétrospective dédiée à Abdallah El Hariri, artiste très cher à la scène artistique marocaine et qui s’est tenu, selon nous, trop longtemps à l’écart des circuits de diffusion classique. Abdallah El Hariri n’a pas revendiqué toutes ses dernières années son appartenance au « Mouvement de Casablanca » alors qu’il était légitimement en droit de le faire, lui qui était très lié à Mohamed Melehi & Mohammed Chabâa, et alors qu’il avait participé à peu près à toutes les aventures de cette décennie en or comprise entre 1969 et 1978 où l’art contemporain marocain est né, empreint de manifestes et de combats idéologiques menés par passion.

Abdallah El Hariri n’a ni recherché les honneurs, ni les associations aux uns et aux autres, par pudeur d’abord, mais aussi par respect à son propre parcours. Cette exposition, organisée par le Comptoir des Mines Galerie, est mue avant tout par l’envie de lui témoigner notre grande admiration et saluer son parcours singulier qui l’a mené à explorer plusieurs voies distinctes ces dernières décennies, avec pour seul fil conducteur, la transcendance.

Révéler l’œuvre polymorphe de Abdallah El Hariri est une grande chance à nos yeux. Elle trouve initiale – ment racine dans le formidable creuset idéologique que représentait l’École des Beaux-Arts de Casablanca entre 1965 et 1970, avant de se nourrir de différentes influences étrangères notamment en Italie où l’artiste s’est affranchi des graphismes colorés pour explorer une abstraction minimaliste voire parfois monochromatique.

La fascination de Abdallah El Hariri pour le dessin de « la lettre arabe » apparaît dès ses premières années et connaîtra elle aussi plusieurs évolutions, loin de la calligraphie et du sens idéologique qu’elle peut parfois « représenter » chez d’autres. Pour lui, il qualifie cette recherche de « lettrisme », car il vide de sens les mots, pour atteindre un état presque mystique celui de « l’Effacement ». Effacement, le mot est dits et peut paraître terrible dans la bouche d’autres artistes, mais chez lui, il a la saveur de sa spiritualité. Et l’on comprend mieux dès lors sa position au sein de la scène artistique marocaine, Abdallah El Hariri ne revendique rien, il est parmi nous en toute simplicité, répondant aux sollicitations des jeunes artistes, de son voisinage et de toute personne qui viendra le trouver.

L’exposition « Mon Histoire » est une sorte de monologue où l’artiste se raconte enfin lors d’un parcours correspondant à des séquences historiques clefs. De ses premières recherches à l’École des Beaux-Arts à Casablanca datant de 1965-1966 jusqu’à ses travaux les plus récents réalisés en 2024, Abdallah El Hariri, nous mène de Casablanca à Rome et de Varsovie à Asilah avant de revenir à sa ville de départ : Casablanca, « un Parcours circulaire, et à la fois Trans-occidental » où il voyage sans arrêt de l’orient vers l’occident.

Nous sommes heureux de partager cette grande exposition avec les publics nombreux qui apprécient l’artiste, et nous espérons lui témoigner enfin la reconnaissance qu’il mérite pour tout ce qu’il a apporté à la scène artistique marocaine, avec beaucoup d’humilité.