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Enfant des mines

Mouhcine Rahaoui

08 October — 20 November 2022

CM Gallery & Hangar by CM Gallery

Il existe probablement une apparente filiation artistique entre Mouhcine Rahaoui et le défunt Jilali Gharbaoui – père de l’abstraction marocaine – autour de leurs premiers engagements respectifs pour ce qu’ils appellent « leur terre d’origine », mais aussi dans l’aspect radical de concevoir leurs œuvres abstraites avec une écriture chromatique noire, intense et vibrante.

Sa Terre à lui, est avant tout un ensemble de souvenirs, constitués de visages familiers, de pratiques sociales, d’uniformes de travail et de labeur. Comme pour beaucoup d’autres à Jerada, il se sent étranger chez lui depuis la lente agonie du complexe.

Aujourd’hui, il épouse le rôle du conteur pour dévoiler une réalité vécue dans sa chaire, prenant « au nom des siens » une parole en hommage envers toutes les personnes anonymes, qui ont eu la mine comme seul repère, et autour de laquelle la vie et la mort s’articulent encore à Jerada.

Ses œuvres, Mouhcine les a conçues dans une forme d’affrontement symbolique avec le complexe industriel et ses puits, mettant souvent sa santé à l’épreuve à manipuler des produits hautement toxiques tel que les résines polyester, les fragments et poussières de charbon, et les cendres calcinées. Chez lui, point d’authenticité sans radicalité, car son art se veut proche des mineurs et leurs gestes du quotidien. Son lexique artistique convoque la mythologie et les propos des travailleurs pour figer dans la cire leurs traces et leurs labeurs.

Dans sa recherche « Lumière Noire », il nous guide à travers les amas de matière conçus comme des strates, à la recherche de lumière pour nous en faire apprécier la valeur depuis le ventre de la terre. Cette lumière pâle qui fait réfléchir l’anthracite du charbon à la façon de pierres précieuses et qui fait reluire les figures noires, c’est elle que l’on retrouve dans la plupart de ses œuvres en charbon et en cire.
D’autres œuvres au fusain de Mouhcine nous rappellent une autre recherche abstraite de J. Gharbaoui développée en 1963 à Toumliline, lorsque ce dernier réalisa une série appelée « l’envol des cigognes » où les formes d’oiseaux disparaissaient au fur et à mesure pour laisser place à des compositions abstraites qui traduisaient son désespoir amoureux au moment de sa rupture avec sa compagne. Mouhcine également, dans un exercice de souvenir, les yeux bandés, réalise une série de travaux au fusain où la montagne et le complexe industriel disparaissent pour laisser place à un quadrillage de puits et de forages, de plus en plus saturé, qu’il extrait dans un exercice violent. 

Pour donner à voir l’humanité des ouvriers et leurs modes de vie, Mouhcine n’utilise pas l’image comme support. Il préfère détourner les éléments de leurs quotidiens : les bougies, les jeux de carte, les sachets de charbon et les gamelles viennent peupler un second corpus artistique qui dévoile des fragments de vie où l’humour, les repas, et la convivialité ont un « goût charbon ». Dans une autre « installation », il s’attarde beaucoup sur les mains de mineurs et leurs langages, comme si chacune d’elles avait un sens précis. Cette communication par le geste, c’est aussi le sens du partage et de la solidarité entre les mineurs dans l’épreuve, quand l’air vient à manquer ou quand le bruit peut provoquer des éboulements. La mine s’invite partout dans son univers artistique jusqu’au pain pétri par sa mère dans une vidéo artistique émouvante.
Mouhcine nous interpelle pour nous demander de prêter attention aux « autres enfants des mines », qui alimentent douloureusement l’actualité ou nourrissent les flots de migrants. Quelle reconversion et quel avenir pour ces autres enfants des mines ? Si lui a su emprunter une autre voie, il reste soucieux de ceux qui attendent et qui croient encore en une possible réouverture du complexe industriel. Il aspire à créer des projets culturels à Jerada, dont il veut nous rapprocher. Ce n’est pas « qu’une mine à l’abandon » mais un vivier de talents et de gens valeureux. Aujourd’hui, son travail, il le leur dédie, et nous sommes fiers de nous associer à lui.

Hicham Daoudi

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