Comptoir des Mines Galerie est heureux de participer à Art Dubai pour la cinquième fois consécutive, en présentant un dialogue entre l’artiste marocain moderne Mohammed Kacimi et les artistes marocains contemporains Fatiha Zemmouri, Khadija Jayi, Mustapha Akrim et Mohamed Arejdal. Ce dialogue, riche de chaque langage artistique individuel, explore des questions qui semblent ne jamais trouver de solution, s’appuyant sur l’héritage historique de Mohammed Kacimi, qui a élevé le rôle de l’artiste activiste à un niveau jamais atteint auparavant – témoignant des tragédies du Moyen-Orient et de l’Afrique.
Depuis l’aube de l’indépendance du Maroc, entre 1953 et 1955, les artistes marocains contemporains ont été des acteurs politiques, utilisant leur langage visuel pour exprimer leurs idées et, d’une certaine manière, résister à un ordre qui ne les convainquait pas. Cette tradition s’est poursuivie au-delà de l’indépendance, notamment pour la cause palestinienne dans les années 1960 et 1970, lorsque les artistes du mouvement de Casablanca – également connu sous le nom d’école d’art de Casablanca – ont exprimé leur soutien au peuple palestinien et manifesté leur colère face à la domination du Nord (ou des sociétés occidentales) sur les pays du Sud.
Mohammed Kacimi (1942-2003) a été l’un des artistes pionniers de l’histoire de l’art marocain et a milité sans relâche contre la domination ou le rôle complice de certains pays occidentaux dans des conflits injustes comme en Irak (1991), en Afrique de l’Ouest et en Palestine (depuis 1969). Témoin privilégié de nombreux conflits qu’il a documentés au cours de ses différents voyages, il a inventé une nouvelle dimension au rôle de l’artiste arabe ou africain, celui de témoin ou de dénonciateur « pour raconter ce qui se passe ou ce qui va se passer ». Les œuvres exposées dans ce projet ont été créées au début des années 1990 et entrent en résonance avec la création de CNN, le premier média télévisé spécialisé, qui a couvert en direct la guerre d’Irak, où les images du conflit ont inondé l’imagination du public.
Fatiha Zemmouri (1966) nous parle de cette terre qui souffre des conflits qu’elle abrite. Comme une plaie qui saigne, son travail indique l’intensité des conflits et le chaos qu’ils génèrent, avec de nombreuses répercussions.
Khadija Jayi (1989) crée une composition à partir de feu et de cendres, découpant dans divers magazines des photographies d’yeux d’enfants, « victimes innocentes » du conflit à Gaza, et les recomposant en une mosaïque géante pour créer une œuvre sensible, vibrante et poignante.
Mustapha Akrim (1981), artiste de la génération 2000, n’a cessé de maîtriser divers matériaux tels que le béton et le métal pour aborder l’universalité des droits de l’homme sous différents angles et mettre en exergue l’abstraction dans leurs formulations ou applications selon les territoires ou les cultures.
Mohamed Arejdal (1984) s’inscrit dans le monde comme un témoin lucide et engagé, refusant de détourner le regard face aux injustices les plus flagrantes. Son engagement pour la cause palestinienne s’inscrit dans une réflexion artistique entamée en 2012, lors d’une résidence artistique au Makan, un espace d’art en Jordanie. Il y réalise une œuvre fondatrice, VALISE 1948, dénonçant les déplacements forcés auxquels le peuple palestinien a été soumis lors de la 1ère Nakba, jusqu’à aujourd’hui. Depuis, Arejdal n’a cessé d’interroger la dualité « tarhil » (déplacement forcé) et « Tirhal » (nomadisme), rappelant la condition de ceux pour qui l’errance est un exil imposé.
Ces artistes réunis, chacun à leur manière, parlent de destruction et de résilience, voyageant sans cesse entre l’intime et l’universel, où l’homme affronte ses peurs et ses colères pour créer et transmettre.