La Galerie Comptoir des Mines est heureuse d’accueillir Bachir Demnati pour sa grande exposition “Equilibrium” Samedi 29 Avril 2023 après cinq années de recherches.
Artiste prolifique dès le milieu des années 60 au côté de grands noms tel que Saad Ben Cheffaj, Meki M’ghara, Mohamed Chabâa et Mohamed Melehi, Bachir Demnati nous dévoile aujourd’hui, ses dernières recherches, marquées par l’apparition d’unités géométriques qu’il s’efforce de placer en équilibre dynamique. L’exposition “Equilibrium” pose en principe la suprématie du sentiment pur qui se distingue en contemplant un nouveau lexique de formes en mouvement, débarrassées de toute symbolique.
Bachir Demnati dévoile dans ses nouvelles recherches un univers infini en blanc dans lequel flottent, montent ou chutent des objets, où il est question pour les publics de capturer l’évolution des formes dans les multiples dimensions auxquelles elles sont associées.
Si Bachir Demnati a fait partie de la grande aventure artistique du mouvement de Casablanca de 1970 à 1978 (jusqu’à son terrible accident de voiture), on peut constater avec un certain recul qu’il était en marge avec les discours autour de la tradition, préférant inventer des compositions marquées par les notions d’urbanisme et d’équilibre des formes.
En 1971, il réalisait deux œuvres très marquantes à nos yeux, la première intitulée « Alignement » qui présentait plusieurs rangées de cercles colorés dont les formes semblent évoluer au sein de l’espace blanc de la composition, jouant avec les notions d’équilibre et de perspective selon le point de vue du spectateur, et la seconde « Profondeur, Tanger 1971 » qui présentait plusieurs carrés insérés les uns dans les autres, dans différentes nuances de couleurs.
Grâce à ces deux œuvres, on pouvait entrevoir une parenté avec les idées de l’immense artiste russe Kasimir Malevitch, qui prônait « la suprématie du sentiment pur, qui trouve un équivalent dans la forme pure », débarrassée de toute symbolique « rationnelle, ou irrationnel ». De ce postulat en 1915, Malevitch a donné naissance à un courant artistique appelé « Suprématisme », où il est question de capturer l’évolution des formes dans les multiples dimensions, Malevitch aimait représenter un univers infini blanc dans lequel flottent, montent ou chutent des formes géométriques et où Il remettait au spectateur la responsabilité de la compréhension de ses compositions.
Il est intéressant de voir aujourd’hui comment Bachir Demnati partage inconsciemment et à travers l’histoire les préceptes de cet immense artiste russe considéré à raison comme l’un des plus importants du XXIe siècle et l’un des pères de l’Abstraction. Chez Bachir, le plaisir ultime c’est avant tout dompter l’espace de l’œuvre pour inventer des compositions au graphisme élaboré et au geste très affirmé. En 1975 pour l’exposition qu’il réalisait à Tanger aux côtés de Mohamed Melehi et Mohamed Chebaa, il affirmait déjà à propos de son art qu’il « répondait à une spontanéité raisonnée et contrôlée », et il est certain que les œuvres présentées aujourd’hui durant cette exposition s’inscrivent dans cette démarche où l’on décèle la spiritualité de l’artiste autour de la notion d’équilibre.
Les œuvres portent en elles cette recherche intérieure presque mystique « d’équilibre » qui habite leur auteur, où un lexique de formes universelles (cercles, lignes, et courbes) inventent un langage abstrait, dépouillé des chromatismes vifs du mouvement de Casablanca et qui laissent entrevoir la suprématie du sentiment face « aux formes pures » tel qu’énoncé par Malevitch. Les formes de Bachir Demnati qui constituent son lexique sont tantôt en équilibre dans ses compositions, soit en mouvement dynamique et semblent interroger nos perceptions visuelles, mais aussi nos définitions propres de ce qu’est l’Équilibre.
