L’art de se (re)voir dans ce miroir-là
Que dire devant une image ? Et à partir de quoi énoncer un discours, alors qu’elle est porteuse en soi par ses traits, sa forme, ses couleurs, ses contours, d’un discours iconique, qui en même temps convoque le verbe et se dérobe à lui ? Dans le sillage du philosophe Georges Didi-Huberman, je me suis souvent demandé si le recours à l’histoire de l’art qui cherche à produire un savoir empli de certitudes sur le visible ne nous fait pas passer à côté de tout ce qu’enferme l’image comme désirs invisibles. Et puis, j’ai bien vu comment l’art contemporain, comme hier la littérature d’après le désastre, a trouvé refuge dans son vœu esthétique et politique à la fois de relire ce quiest déjà écrit, à revoir ce qui était autrefois donné à voir. Au demeurant,
la littérature m’a fait rencontrer l’artiste pluridisciplinaire, inclassable (car non formaté par l’académie), Simohamed Fettaka, qui s’ingénie depuis quelques années déjà à pratiquer un art qui ambitionne de « changer les savoirs tels qu’ils sont établis, en assumant la subjectivité des percepts » 1. Convaincu que les objets d’art, tout comme les images instituées, ne sont ni clos ni finis, il joue à les retourner, les détourner, les relire, dans un désir permanent d’en épuiser les sens possibles.
Et pour cela, il ne s’arrête pas à l’image en soi mais aussi à son hors- champ pour en éclater le cadre et en proposer un contrepoint et parfois des revers.
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Driss Ksikes, écrivain
Texte extrait du catalogue de l’exposition Un Guide Andalou